Sophie a depuis quelques années développé une émétophobie : la phobie de vomir.

Témoignage sur l’hypnose pour l’émétophobie et l’anorexie

L’émétophobie est la phobie de vomir. Voir dossier sur psychologies.com. Cette phobie peut paraître curieuse mais elle peut vite devenir très handicapante. Elle fait partie des phobies dites spécifiques, comme l’aquaphobie, l’amaxophobie (peur de conduire), etc…

Ces phobies spécifiques entrainent souvent une grande variété de stratégies d’évitement : se laver avec des lingettes, prendre les transports en commun, etc. Ce qui retarde souvent la prise en charge, lorsque ces stratégies d’évitements sont efficaces.

Il arrive souvent que les phobies empirent avec le temps, s’étendent et grignotent de plus en plus chaque aspect de la vie de la personne. Les stratégies d’évitement deviennent alors de plus en plus handicapantes. En hypnose ou en thérapie cognitivo-comportementale (TCC), des solutions existent pour se libérer enfin de ce cercle vicieux.

Histoire de vie : une phobie envahissante, des stratégies d’évitement épuisantes

Je fais la connaissance donc de Sophie, une étudiante infirmière dans la 20ène. Elle ne prend pas de traitement au long cours et n’a aucun antécédent particulier digestifs ou de la sphère oropharyngée. La fréquence des angoisses : tous les jours, à chaque repas plus ou moins et particulièrement fortement pendant les gros repas de famille. Aujourd’hui, elle se sent mal et nauséeuse dès qu’elle sent son estomac rempli, dès que quelqu’un est malade autour d’elle, quand elle fait des soirées avec des amis qui boivent un peu trop, etc. Je vois qu’elle est crispée, et qu’elle tient ses bras comme pour protéger son ventre. La dernière fois qu’elle a vomit : quand elle était en 5ème !

Son objectif : » Arriver à gérer l’angoisse de vomir. L’objectif sera atteint quand je n’appréhenderai plus de vomir quand il n’y a aucune raison. Quand je mange quelque chose de particulier, quand quelqu’un d’autre est malade, quand on parle de vomit ou quand je vois quelqu’un qui vomit. »

Induction d’un Safe Place : l’état agréable, un état ressource

Pour entrer tranquillement dans un état d’hypnose sécurisant, j’invite Sophie à se rappeler d’un moment et d’un endroit très agréable. Un endroit ou la phobie est totalement absente et où elle se sent bien. Elle part alors mentalement sur une plage avec ses amis. S’en suit quelques techniques d’approfondissement d’hypnose. Les paupières qui tremblent, certains mouvements involontaires des doigts, la profondeur des respirations et la détente progressive du corps : elle entre rapidement en hypnose !

Augmentation d’état et ancrage : moduler les perceptions et les fixer à un mot

Elle me décrit sa plage dans tous ses éléments et en faisant participer tous ses sens. À mon tour, je sais maintenant les éléments qui sont importants pour elle, et ceux qui la font se sentir bien. Je suggère une augmentation d’état en amplifiant toutes ces perceptions. Un grand sourire se dessine de plus en plus sur son visage, ça marche vraiment bien ! Quand elle arrive à un pic de détente et de bien-être, je lui demande d’inscrire sur le sable un mot magique qu’elle n’aura qu’à se répéter, plus tard, pour retrouver instantanément cet état agréable.

On peut commencer à travailler !

Peur des sénois et recadrage du comportement : deux protocoles pour les phobies

On rentre dans le vif du sujet, et par une métaphore hypnotique, je suggère à Sophie, toujours sous hypnose, d’aller à la rencontre de sa phobie. Une fois sur place, ce qu’elle découvre comme peur profonde derrière cette phobie… ça a l’air plutôt effrayant, à en juger par les grimaces et la tension sur son visage. À plusieurs reprises, je lui suggère d’utiliser son mot magique, qui se révèle être un ancrage très efficace ! Après quelques échanges symboliques avec sa peur la plus profonde elle la transforme, et je vois sur son visage que le travail inconscient est terminé.

Pour être certain de ne pas passer à côté d’un « bénéfice secondaire » inconscient que cette phobie aurait pu amener, je décide d’explorer la piste de l’intention positive. En effet, il arrive que les phobies nous donnent parfois quelque chose ou nous protègent de quelque chose, même si c’est inconscient. Ne pas prendre en compte cette intention positive risquerait de provoquer une rechute dans un mois ou un déplacement du symptôme (anxiété, insomnie, etc). Les signaux de doigts inconscients mis en place me confirment que « tout est clean » !


Sortie d’hypnose et tests d’efficacité : suspense !

La sortie d’hypnose se fait en douceur. Je lui demande de visualiser une situation qu’elle redoutait : le pire qu’elle puisse imaginer ! Quelques tensions se lisent sur le visage, je lui fait désensibiliser au maximum cette situation en utilisant son mot magique. Puis j’échange avec elle sur ses ressentis.

« C’est bizarre. Agréablement bizarre. Par contre j’ai plus du tout mal au ventre. Je me sens détendue, profondément. Comme si le ventre aussi était enfin détendu. »

Les jours suivants

Après l’accueil et l’anamnèse (histoire de la maladie) j’avais prévu deux séances, donc je fixe avec elle le prochain rendez-vous et nous nous quittons sur quelques suggestions post hypnotiques positives pour l’encourager.

Deux semaines plus tard, Sophie m’appelle pour me demander si l’on pouvait faire la deuxième séance sur autre chose… Car elle a vaincu sa phobie ! Elle prend plaisir à me raconter toutes les situations qu’elle a vécu et comment elle les a vécu de façon si différente.

Très belle expérience pour elle mais aussi pour moi. Ça m’a appris que quand l’inconscient est prêt à changer, quelques protocoles hypnotiques suffisent à créer très rapidement LE déclic nécessaire au changement. L’impulsion, le déclic, le déblocage, c’est peut être le moment le plus grisant pour le patient, comme pour l’hypnothérapeute.

Mais cette réussite est la sienne et uniquement la sienne.

En lisant ces lignes, vous avec peut-être trouvé des similitudes avec ce que vous, ou un de vos proches vivez. Peut être que ça vous y a fait penser, par moments, de près ou de loin.

Alors en y réfléchissant… aujourd’hui… pourquoi pas vous ?