Le multitasking : une solution dans le culte de la productivité ?
La productivité ! Les machines ne peuvent pas (encore) réaliser toutes nos tâches personnelles ou professionnelles. Nous ne nous sommes pas encore faits « ubériser » par cette « robolution » (changements sociétaux profonds liés à la robotique) dont tout le monde parle pourtant.
Qu’à cela ne tienne ! Pour ces tâches, longues et chronophages, nous allons faire comme les ordinateurs : plusieurs choses à fois. Optimisation des tâches, gain de temps, efficacité… productivité ! Mais est-ce vraiment le cas ?
Pour répondre partiellement à cette question : l’imagerie cérébrale (en particulier l’IRM fonctionnelle), ainsi que de simples tests cognitifs bien connus, ont permit de mettre en évidence une des limites fonctionnelles et biologiques de notre cerveau.
Exercice #1 : le multitasking !
En faisant deux choses à la fois, nous passons de l’une à l’autre plus ou moins rapidement.
Essayez d’écrire MULTITACHE et en dessous de chaque lettre, vous mettrez le numéro de celle-ci, de manière à obtenir ceci :
Une première fois en écrivant le mot et ensuite les nombres… et une seconde fois en écrivant une lettre, un chiffre, une lettre, un chiffre, etc. Comparez vos temps et le résultat est sans appel. Dans le deuxième cas, on perd énormément en efficacité.
Le « vrai » multitâche pour le cerveau humain, n’existe pas.
Nous ne pouvons pas faire deux choses à la fois, et les faire « bien ».
Cette affirmation a été reprise et déformée maintes fois dans de très nombreux magazines de vulgarisation (ou autres), ainsi que sur les réseaux sociaux. Quitte à simplifier un peu trop la réalité. En effet, tout dépend des tâches en question et des ressources cérébrales qu’elle requièrent.
Les tâches « automatiques » sont en effet bien moins gourmandes que les tâches qui demandent toute notre attention. Mais pour aller plus loin, on va passer dans le jargon de l’hypnothérapeute !
Ici on considère donc deux parties en nous :
Limité par notre capacité d’attention : il est capable de garder simultanément « en conscience » environ 7 informations (+ ou – 2 selon les personnes, l’état d’éveil, etc).
Les actions que l’on réalise sans s’en rendre compte. Conduire en pensant à autre chose, le pied qui bat tout seul le rythme de votre musique préférée, etc.
Exercice #2 : la saturation sensorielle, ou les limites de notre Conscient !
Le conscient considère comme une information, tout ce qui lui arrive depuis nos 5 sens.
- Essayez de focaliser toute votre attention sur ce que vous lisez,
- et en même temps sur le contact de vos pieds sur le sol. (2 informations.)
- Prenez conscience ensuite (sans relâcher votre attention sur les 2 premiers éléments) de chacune de vos respirations.
- Ajoutez ensuite les sons qui vous entourent,
- Puis recommencez pour être sûr d’avoir toutes ces informations en simultané. Les lignes que vous lisez, les pieds sur le sol, vos respirations, les sons qui vous entourent.
- Et rajoutez alors d’autres éléments encore et encore.
Très rapidement il devient de plus en plus difficile de continuer, puisque le conscient… est saturé ! C’est à ce moment qu’une sensation de flou peut venir, vous décrochez. Certains peuvent même se sentir « dans le gaz », ou en train de partir un peu ailleurs.
Cette saturation sensorielle est l’une des techniques les plus faciles à utiliser en auto-hypnose. Elle mène en soit à un état pré-hypnotique.
Le conscient : une ressource qui se concentre ou se dilue
On peut comparer le conscient, ou la force de l’attention, à un spot lumineux. On peut braquer toute la lumière sur un point précis, et alors la lumière est forte. Ou alors on peut éclairer toute la scène, et alors elle est plus faible, comme « diluée » dans tout l’espace qu’il y a à éclairer.
Ceux qui ont fait l’exercice précédent s’en sont sûrement rendu compte. Au fur et à mesure que l’on ajoute des éléments (ou si le premier élément demande beaucoup d’attention) le reste est bien moins « capté ». Il devient flou… occulté. C’est pourquoi on comprend qu’on ne peut pas réaliser 2 choses en même temps en toute conscience, et les faire les 2 bien.
Notre attention se partage comme on partagerait un gâteau : une fois que les plus gourmands se sont servis, il ne reste plus grand chose à partager. Une action, si elle nécessite toute l’attention de notre conscient, fait cesser temporairement toutes les autres actions.
Une fois que notre conscient est saturé, on va alors utiliser notre « réservoir de ressources » : l’inconscient. On va alors commencer à automatiser certaines actions, afin de les rendre moins gourmandes en énergie. Nous les plaçons en « tache de fond ».
On va aussi limiter les informations qui arrivent, en coupant certains signaux.
Exercice #3 : saturation du conscient par surcharge d’informations
Ci-dessous, une vidéo amusante pour illustrer cette attention sélective.
Comptez TRÈS attentivement le nombre de passes que se font les joueurs en blanc.
Votre inconscient est votre vrai réservoir de ressources
Le conscient est très précis mais monotâche. L’inconscient lui est responsable du « mode automatique » pour les petites tâches automatisables facilement. Mais il peut ainsi gérer de nombreuses tâches en simultané.
Quand on sature l’attention -et donc le conscient- , l’inconscient est notre plus puissant réservoir de ressources. C’est dans l’inconscient que se trouvent le plus souvent les réponses à nos propres tensions internes.
C’est donc cette dissociation entre conscient et inconscient, que l’hypnose va utiliser pour toutes ses applications qu’on connait.
En étant accompagné par un praticien en hypnose Ericksonienne, en hypnothérapie comme en hypnocoaching (ou hypno-coaching), vous travaillerez justement avec ces états modifiés de conscience. Avec ce flou, et cette confusion parfois.
Toutes ces choses ouvrent de nouvelles portes pour mieux comprendre votre cerveau. Vous pourrez l’exploiter à 100% de ses capacités. Vous lèverez alors de nombreux freins qui se trouvent en travers de votre chemin… Pour ensuite créer de puissants moteurs !
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