Nos pensées ne sont pas toujours les nôtres. Nos désirs, nos peurs, nos automatismes ne naissent pas seulement de notre histoire intime : ils prennent racine dans un terreau social, culturel, invisible… mais agissant.
Ce que nous croyons « normal » ou « naturel » est souvent une construction.
Et dans ce paysage d’injonctions et de normes intériorisées, l’hypnose peut offrir un espace rare : celui de la déconstruction.
Non pas par rébellion ou fuite, mais par réappropriation.
Et si, au lieu de nous adapter au monde, nous apprenions à nous en déprendre ?
Le conditionnement social : une hypnose collective ?
Il est frappant de constater à quel point certaines attitudes, croyances ou comportements semblent couler de source… alors qu’ils sont le fruit d’une répétition.
Être productif. Réussir. Ne pas trop ressentir. Maîtriser son image. Se conformer à une idée du couple, du genre, de la réussite, du bonheur.
C’est une forme d’hypnose collective : une induction lente, diffuse, omniprésente. Elle ne vient pas d’un thérapeute bienveillant, mais de la société elle-même — famille, école, médias, culture.
Et comme toute hypnose, elle agit profondément… surtout quand on ne s’en rend pas compte.
Ces conditionnements s’inscrivent dans le corps (tensions, fatigue chronique, rapport à l’alimentation ou au sommeil), mais aussi dans la psyché : peur du jugement, auto-censure, sentiment d’illégitimité.
Le plus souvent, nous croyons que cela vient de nous. Or, cela vient de plus loin.
L’hypnose : une ouverture vers la désautomatisation
Ce que permet l’hypnose, ce n’est pas d’imposer une vérité alternative. C’est d’interroger. D’ouvrir des interstices.
L’état hypnotique suspend temporairement le jugement, l’habitude, le discours logique.
Il permet d’entrer dans un espace de perception sensible, où l’on peut ressentir autrement — et parfois, penser autrement.
C’est dans cet espace que l’on peut repérer ce qui, en nous, n’a jamais été véritablement choisi. Ce que l’on rejoue par fidélité. Par peur. Par automatisme.
Et c’est aussi dans cet espace que peut naître une autre posture : plus libre, plus ancrée, plus incarnée.
Loin d’être un état de soumission (comme certains clichés le suggèrent), l’hypnose est au contraire un processus de réappropriation.
Une possibilité de dire non, différemment. Et surtout : de dire oui à ce qui fait sens pour soi.
Exemples concrets de déconditionnement en hypnose
Se libérer du regard de l’autre
Beaucoup de nos choix sont dictés par une peur archaïque : celle d’être jugé, exclu, rejeté.
L’hypnose permet d’explorer cette peur non par la logique, mais par l’expérience. D’en retrouver l’origine. De la traverser.
Repenser son rapport au travail
Burn-out, surinvestissement, culpabilité du repos : et si notre corps n’était pas paresseux, mais lucide ?
L’hypnose peut aider à se reconnecter à son propre rythme, à distinguer ce que l’on veut de ce que l’on croit devoir vouloir.
Déconstruire les normes genrées
Certaines émotions (colère, tristesse, douceur) sont « autorisées » selon notre genre.
L’hypnose permet de revisiter ces injonctions, de retrouver une liberté d’émotion et d’expression plus fluide, plus personnelle.
Dans le cadre des luttes féministes : imaginez faire vivre sous hypnose les avantages réservés implicitement aux hommes hétérosexuels blancs. Juste pour se rendre compte plus vivement que jamais, de ce qui ne va pas. Ou au contraire de faire vivre sous hypnose à un homme, la discrimination, l’infantilisation et l’objectification que les femmes ont à subir parfois au quotidien.
Un atelier de sensibilisation intéressant dans le monde de l’entreprise n’est-ce pas ?
Habiter son corps autrement
Trop gros, trop mince, trop visible, pas assez performant… Le corps est l’un des terrains majeurs du conditionnement social.
L’état hypnotique favorise une réconciliation, une écoute, une autorisation d’être — ici, maintenant, sans modèle à imiter.
Une révolution intérieure, tranquille et subversive
On dit parfois que l’hypnose transforme l’individu, mais pas la société. Et pourtant.
Chaque fois qu’une personne cesse de se conformer à des normes qui la blessent, c’est un acte politique — au sens noble du terme.
Une façon de dire : je ne suis pas là pour correspondre. Je suis là pour exister.
Sortir du conditionnement, ce n’est pas devenir marginal ou rebelle. C’est redevenir vivant.
C’est retrouver la capacité de choisir, en conscience. C’est désactiver les programmes automatiques qui nous faisaient agir à contresens de nous-mêmes.
L’hypnose n’impose rien. Elle questionne. Elle propose un espace de silence, d’écoute, de transformation.
Une forme douce mais profonde de désobéissance intérieure.
Conclusion : choisir sa propre voix
Nous sommes tous, à notre manière, un peu hypnotisés par notre époque.
Mais il est possible d’entrer dans une autre forme d’hypnose : une hypnose choisie, respectueuse, libératrice.
Non pas pour fuir la réalité, mais pour mieux la traverser.
Non pas pour se couper du monde, mais pour y revenir autrement.
En soi. Pour soi. Et, peut-être, pour les autres aussi.