C’est un chiffre qui devrait nous faire réfléchir collectivement. En France, près de 23,6 % des adultes dépassent les repères de consommation d’alcool à moindre risque. Cela représente plus de 10 millions de personnes qui, souvent sans le savoir, mettent leur santé en danger. En tant qu’infirmier, j’ai trop souvent vu les conséquences physiques de cet “ami” culturel. En tant qu’hypnothérapeute, je vois les ravages psychologiques de cette dépendance qui ne dit pas son nom. Le “Dry January” (janvier sec) n’est pas une punition. C’est une opportunité incroyable, validée par les neurosciences, de reprendre le contrôle.

L’alcool en France : un constat chiffré qui dérange

Notre pays entretient une relation complexe et paradoxale avec l’alcool. Il est de toutes les fêtes, de tous les succès, mais aussi de tous les stress. Pourtant, la réalité sanitaire est sombre.

L’alcool reste la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabac. Il est responsable de plus de 40 000 décès par an. Mais au-delà de ces chiffres dramatiques, il y a la consommation quotidienne, banalisée. Celle du “petit verre pour décompresser” qui devient deux, puis trois. Cette consommation, dite “problématique”, n’est pas celle de l’alcoolique stéréotypé dans la rue. C’est celle du cadre dynamique, du parent débordé, de l’étudiant fêtard.

Les autorités de santé ont fixé des repères clairs : pas plus de 10 verres standard par semaine, et pas plus de 2 verres par jour. Êtes-vous au-dessus ? Beaucoup le sont sans s’en rendre compte, minimisant l’impact sur leur sommeil, leur humeur ou leur foie. Cette “cécité culturelle” est le premier obstacle au changement.

Pour évaluer votre consommation objectivement, je vous recommande l’alcoomètre de Santé Publique France.

Dry January : bien plus qu’un simple défi de réseaux sociaux

Le Dry January n’est pas une mode passagère venue d’outre-Manche. C’est une expérience neurobiologique grandeur nature.

S’arrêter un mois, c’est offrir des vacances à votre organisme. Les bénéfices physiologiques sont rapides et spectaculaires. Le foie commence son travail de régénération. La qualité du sommeil s’améliore drastiquement, car l’alcool supprime les phases de sommeil réparateur (le sommeil paradoxal). La peau s’éclaircit, la concentration revient.

Mais l’intérêt majeur est psychologique. C’est une “preuve par l’expérience”. Votre cerveau réalise qu’il est possible de survivre à un vendredi soir, un dîner entre amis ou une journée stressante sans éthanol. Vous brisez des automatismes. Vous découvrez que la “détente” que procure le verre est souvent un leurre chimique de courte durée, suivi d’un rebond anxieux. C’est un reset indispensable pour reconsidérer sa relation au produit.

Pourquoi la volonté ne suffit pas toujours (le piège neurobiologique)

“Il suffit de vouloir”. C’est la phrase la plus fausse et la plus culpabilisante qui soit en matière d’addiction ou d’habitude ancrée.

L’alcool est un psychotrope puissant qui pirate le système de récompense du cerveau. Il provoque une libération artificielle de dopamine. Votre cerveau primitif (le striatum) enregistre : “Alcool = plaisir/soulagement rapide”. Il crée une autoroute neuronale.

Quand vous essayez d’arrêter avec votre seule volonté, vous utilisez votre cortex préfrontal. C’est la partie du cerveau qui gère la raison, la planification. Mais face à l’impulsion du cerveau primitif qui crie “j’ai besoin de ça maintenant”, le préfrontal s’épuise vite. C’est un combat inégal. Le stress, la fatigue ou les émotions négatives désactivent le préfrontal et laissent les commandes aux vieux réflexes. Ce n’est pas un manque de caractère, c’est une réalité neurochimique. C’est pour cela que les rechutes sont si fréquentes quand on ne compte que sur la “force mentale”.

L’hypnose : reprogrammer le cerveau pour reprendre le contrôle

C’est ici que l’hypnose thérapeutique entre en jeu. Elle permet de contourner le “facteur critique” du conscient pour dialoguer avec les structures inconscientes qui gèrent nos automatismes.

En séance, nous n’allons pas vous “interdire” de boire. Nous allons travailler sur les associations erronées que votre cerveau a créées. Par exemple : désactiver le lien automatique entre “rentrer du travail stressé” et “ouvrir une bouteille”. Nous allons apprendre à votre cerveau d’autres stratégies, plus saines, pour obtenir la détente ou la confiance qu’il cherchait dans le verre.

L’hypnose permet aussi de travailler sur l’anticipation positive. Au lieu de voir le Dry January comme une privation, le cerveau apprend à le visualiser comme un gain de liberté, d’énergie et de fierté. On renforce la motivation profonde et on installe de nouveaux “boutons” de régulation émotionnelle.

Le portail Addict’Aide propose des ressources précieuses pour comprendre les mécanismes de la dépendance.

Une histoire de liberté retrouvée

Je pense souvent à Thomas (le prénom a été changé), un commercial brillant que j’ai accompagné. Il ne se considérait pas comme alcoolique. Mais il ne pouvait pas concevoir un repas d’affaires ou une fin de journée sans plusieurs verres de vin. Le Dry January lui semblait insurmontable socialement.

En hypnose, nous avons travaillé sur sa peur du jugement social et sur sa fausse croyance que l’alcool le rendait plus performant. Lors d’une séance, il a vécu une visualisation intense où il se voyait dans un dîner, parfaitement à l’aise et charismatique avec un verre d’eau pétillante. Cette expérience virtuelle a débloqué quelque chose. Il a réussi son mois sans effort. Il a découvert qu’il était plus drôle et plus pertinent à jeun. Aujourd’hui, il ne s’interdit rien, mais il boit rarement, par pur choix gustatif, et non plus par besoin compulsif. Il a retrouvé sa liberté.

Arrêt total ou consommation maîtrisée : choisir sa voie

L’hypnose n’est pas une baguette magique. Elle demande votre engagement. Et soyons clairs : pour une dépendance physique sévère, un accompagnement médical est un préalable indispensable pour gérer le sevrage.

Cependant, l’hypnose est un outil puissant pour l’après. Pour certains, la meilleure solution sera l’abstinence totale, car la “machine à addiction” est trop sensible. Pour d’autres, il sera possible de réapprendre une consommation maîtrisée, occasionnelle, qui redevient un vrai plaisir et non une béquille.

Le but n’est pas de devenir un ascète triste. Le but est de ne plus être esclave d’une substance. Que ce soit pour réussir le Dry January, prolonger l’expérience, ou simplement réduire votre consommation sur le long terme, votre cerveau possède les ressources pour changer ce logiciel.

Si vous sentez que votre relation à l’alcool devient pesante et que vous souhaitez utiliser les ressources de votre cerveau pour vous libérer, je vous reçois à Lyon. Mon cabinet est situé dans le 7ème arrondissement, un espace neutre et bienveillant pour faire le point et construire votre stratégie de changement, qu’elle soit radicale ou progressive. En tant que professionnel de santé et en complément de nos séances, je ne manquerai pas de vous réorienter si besoin vers un professionnel de santé adapté à votre situation.