Quels sont tous les avantages de l’hypnose au bloc opératoire ?
Des chirurgiens du monde entier utilisent de plus en plus l’hypnose pour une intervention chirurgicale. En effet, lors d’une opération sous hypnose, nous parlons d’hypno-analgésie ou d’hypno sédation. Le déroulement ressemble très souvent à celui-ci.
Préparation à l’hypnose pour une intervention chirurgicale
Une préparation est réalisée en amont, où la personne apprend à entrer en hypnose. Elle utilise alors certains ancrages de transe (des mots permettant d’entrer facilement et rapidement dans une certaine profondeur d’hypnose). Ensuite, une heure avant l’opération, on administre un anxiolytique afin de permettre à la personne de se calmer. Cela va aussi faciliter ses capacités de concentration. On injecte alors anesthésiant local, ainsi qu’une très petite dose de l' »anesthésie générale ». C’est alors le plus souvent un infirmier anesthésiste ou médecin anesthésiste qui réalise l’induction en hypnose. La personne guide alors le patient tout au long de l’intervention.
Les patients disent eux-même être tout à fait conscient de tout ce qui se passe. Ils disent être à la fois « ici et ailleurs ». Ça leur permet un détachement par rapport au corps qui permet de modifier de façon impressionnante le ressenti douloureux.
Dans cet article un peu plus technique que les autres, nous allons voir tous les avantages qu’apporte cette technique dans le cadre de l’intervention en elle-même, mais aussi avant et après celle-ci.
Réduction de la douleur en hypnose lors de l’intervention chirurgicale
Évidemment, ce qui va sans dire, va encore mieux en le disant : l’hypno-analgésie est une manière très efficace de gérer les douleurs. Le cerveau est une vraie pharmacie. Il possède la capacité de sécréter de nombreuses hormones telles que la dopamine ou les endorphines. Cette analgésie particulière cependant ne mobiliserait pas uniquement la voie des endorphines. En effet, on a prouvé que dans cet état, l’injection de Naloxone (antagoniste) n’annulait pas les effets de l’hypno-analgésie. On mobilise donc d’autres aires cérébrales afin de créer une analgésie complète et complexe.
Même si l’on connait de mieux en mieux certains de ces mécanismes, le cerveau possède encore bien des mystères.
En utilisant un style indirect, tel que l’hypnose Ericksonienne, tout le monde peut avoir accès à la même « puissance » d’hypno-analgésie.
MacGlashan (1969) dans une étude a prouvé que les sujets très « suggestibles » développent une hypno-analgésie importante. Cependant, une étude plus récente de Maurer C., Santangelo M. et Claiborn (1993) montre qu’en utilisant un style indirect, tel que l’hypnose Ericksonienne, tout le monde peut avoir accès à la même « puissance » d’hypno-analgésie. Que le sujet soit considéré comme très, ou très peu suggestible ne fait aucune différence. Les auteurs ajoutent tout de même que les suggestions directes, sont elles, évidemment plus efficaces sur les sujets très suggestibles.
Moins d’angoisses pour une intervention chirurgicale avec l’hypnose
Cela peut être une fin en soi. Il est toujours plus agréable de passer un moment détendu que stressé. Surtout dans le cadre du bloc opératoire, qui peut être particulièrement stypnose pressant. Il est important aussi de souligner l’effet du stress sur le ressenti douloureux.
Une étude récente du Professeur Ruth Defrin de la Faculté de médecine à l’université de Tel Aviv (département physiothérapie), prouve en effet qu’un niveau de stress élevé réduit la capacité du corps à calmer une douleur. Cela augmente de façon importante le ressenti douloureux, de même que la souffrance émotionnelle (la pénibilité psychologique) associée. En réduisant de cette manière la synthèse de cortisol, cela facilite de nombreuses fonctions de récupération.
De plus, le stress pré et per opératoire provoque un environnement « hyper-adrénergique », c’est à dire riche en adrénaline. Cela va alors provoquer une vasoconstriction. Celle-ci peut engendrer des difficultés de circulation sanguine et des troubles de la micro circulation (peau et extrémités). Et de ce fait, une moins bonne cicatrisation. Cette « hyper-adrénergie » est aussi connue pour avoir des effets immunosuppresseurs : quand on est stressé, on se défend moins bien contre les infections !
Éviter les effets indésirables des antalgiques, curares et autres
Pendant l’opération comme après celle-ci, le recours à l’hypnose permet évidemment d’éviter les effets indésirables fréquents de certains médicaments. Les plus fréquents sont : nausées, vomissements, désorientation, constipation, insomnies, etc…
Ensuite, en service de médecine ou même en rééducation, il est très fréquents que les patients aient des difficultés à trouver un sommeil réparateur. Les douleurs et angoisses s’ajoutent alors au fait de ne pas être chez soi. Et à la qualité médiocre de certains matelas d’hôpital… Les médecins prescrivent alors régulièrement des benzodiazépines ou apparentés (zopiclone, zolpidem). Ces molécules peuvent provoquer des pertes de mémoire, des désorientations et provoquent un sommeil ne respectant pas les cycles normaux.
Le simple fait d’entrer régulièrement en état d’hypnose permet une activation des noyaux gris centraux (cerveau). Cela augmente le système nerveux autonome responsable de la mise en repos du corps (parasympatique), et de sa régénération. L’état d’hypnose aide le corps à récupérer !
Accélération de la coagulation et cicatrisation, diminution de l’inflammation
Aussi impressionnant que cela puisse paraître, les travaux de K.I. Platonov (1957) en Russie, et bien d’autres ensuite dont A.A. Markosian, ont permit de démontrer que l’état d’hypnose pouvait accélérer la coagulation et la cicatrisation ! Lors d’une expérience, celui-ci a utilisé un métronome à côté d’un sujet en transe hypnotique. Il a modulé sa fréquence progressivement. Cela a provoqué chez la personne la certitude profonde que le temps s’accélèrait. Il a pu observer que la coagulation était plus rapide dans ces conditions.
Mais l’expérience ne s’est pas arrêtée la, car il a ensuite démontré une des applications de la technique de l’ancrage hypnotique ! En effet, le simple fait, par la suite, d’entendre un métronome, ou même d’entendre le mot « métronome », suffisait à accélérer la coagulation. Et ce même en dehors d’un état hypnotique.
Par ailleurs, d’autres études ont ensuite montré, que l’état d’hypnose permettait dans certaines circonstances de diminuer le phénomène inflammatoire. Des chercheurs ont pu mettre en évidence cette diminution lors d’expériences. Les sujets étaient des patients devant subir une ablation de la thyroïde. Ils ont constaté une augmentation bien moindre de la CRP (protéine marqueur de l’inflammation) chez ces patients après une opération sous hypnose, par rapport aux patients avec anesthésie médicamenteuse.
Dans Effect of hypnosis on induction of local anaesthesia, pain perception, control of haemorrhage and anxiety during extraction of third molars: A case–control (Seyyed Kazem Abdeshahi, Maryam Alsadat Hashemipour, Vahid Mesgarzadeh, Akbar Shahidi Payam, Alireza Halaj Monfared), il a été démontré que l’hypnose est en effet efficace pour réduire les douleurs et l’angoisse mais aussi l’hémorragie lors des extractions de dents. Un dentiste lyonnais, le Dr. B. Delcombel, utilise lui aussi l’hypnose dans le cadre de ses soins en cabinet.
Pratiquer l’hypnose pendant une intervention chirurgicale peut vraiment faire la différence.
En vrac : Reprise du transit, travail sur les sphincters, valorisation, autonomisation, appropriation du soin
Le système nerveux parasympathique s’occupe de mettre le corps au repos. Il s’occupe donc aussi de toutes les fonctions accessibles dans ces situation de repos. C’est notamment le cas de la digestion, car ce système nerveux communique étroitement avec le SNE, le système nerveux entérique.
On digère parfois très mal lorsqu’on est stressé. La digestion demande beaucoup de ressources et mobilise le sang autour des intestins. Or, en situation de stress, le corps a (ou pense avoir) autre chose de plus urgent à gérer. L’hypnose, en accédant à l’inconscient, permet de faciliter ces déblocages, qu’ils soient cognitifs, émotionnels, ou sphinctériens. Avec ses quelques 200 millions de neurones, l’intestin est bel et bien le 2ème cerveau du corps !
Il y a un autre effet bénéfique de l’utilisation de l’hypnose ericksonienne dans le monde hospitalier. Elle utilise un langage permissif. De part la « position basse » du soignant qu’elle exige, elle facilite l’autonomisation et la valorisation de la personne. En effet, en hypnose, on facilite l’accès aux ressources de chacun. Mais les ressources s’y trouvent déjà toutes. Et lorsque la personne ressent un changement, c’est une partie d’elle, une partie profonde, qui en est à l’origine.
En utilisant les outils de l’hypnose ericksonienne, vous apprenez à utiliser au mieux les capacités de votre cerveau et de votre corps. Vous sortez de votre statut d' »objet » du soin, pour devenir à la fois le sujet et le verbe.
À lire aussi : document de H. Musellec, F. Bernard, N. Guillou du département d’anesthésie au centre hospitalier de Saint-Grégoire (35), lors du 52ème Congrès National d’anesthésie et de réanimation, sur les utilisations de l’hypnose périopératoire.
L’hypnose ericksonienne : une approche holistique
L’hypnose, en particulier l’hypnose ericksonienne trouve de plus en plus sa place au bloc. Elle pourrait donc aussi trouver toute sa légitimité dans de très nombreux autres services. À chaque étape de la prise en charge du patient, cette forme de langage aide à développer une relation d’accompagnement infiniment riche. Plus qu’une relation soignant-soigné, c’est une relation où chacun est au même niveau. Il s’agit d’une vraie transmission d’outils qui amène la personne à une autonomisation rapide et l’aide à développer ses propres ressources.
Et si vous pouviez accéder maintenant au mode d’emploi de votre cerveau ?
Avec ces quelques pistes, vous pouvez maintenant en être convaincu. Dans le contexte d’une intervention chirurgicale, l’hypnose est un outil puissant. Elle vous aidera à préparer le plus sereinement une intervention chirurgicale, comme n’importe quelle hospitalisation. Ces outils sont très utiles aussi pour la rééducation qui suit. De même que pour les programmes de préparation à l’accouchement par l’hypnose. Tous les services de médecine, de chirurgie, de court, moyen ou long séjour peuvent (et devraient) intégrer de l’hypnothérapie et des soins sous hypnose. Pouvoir proposer aux patients un apprentissage de techniques hypnotiques.
Le plus simple pour encourager le développement de ces superbes outils à l’hôpital comme ailleurs… C’est encore d’en parler autour de soi !
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