Résumé : Le Dr Marie‑Élisabeth Faymonville, anesthésiste-réanimatrice belge, a profondément marqué l’histoire de l’hypnose médicale. Elle a développé l’hypnosédation, une technique associant hypnose et anesthésie locale. Grâce à ses travaux cliniques et scientifiques, elle a contribué à faire reconnaître l’hypnose comme un outil thérapeutique. Elle a mit en avant sa fiabilité dans la gestion de la douleur, l’accompagnement des soins hospitaliers et la réduction de l’anxiété. Son parcours inspire aujourd’hui de nombreux professionnels de santé, et son approche rigoureuse reste une référence dans les formations en hypnose médicale.

 

Marie‑Élisabeth Faymonville : une pionnière de l’hypnose en médecine

Quand on parle d’hypnose médicale en Europe, le nom de Marie‑Élisabeth Faymonville revient très vite. Anesthésiste-réanimatrice de formation, chercheuse passionnée et clinicienne rigoureuse, elle a joué un rôle majeur dans le développement de l’hypnose au bloc opératoire, notamment à travers ce qu’elle a appelé l’hypnosédation.

Une carrière ancrée dans la clinique… et tournée vers l’humain

Diplômée de l’Université de Liège à la fin des années 70, le Dr Faymonville s’est très tôt intéressée aux situations où la médecine technique touche à ses limites : grands brûlés, douleurs complexes, soins palliatifs… Des contextes où la parole, la présence et la relation prennent parfois plus de poids que les médicaments.

C’est en 1992, en cherchant des alternatives plus humaines à l’anesthésie générale, qu’elle commence à explorer l’hypnose avec ses patients. Aujourd’hui il y a encore beaucoup d’idées reçues sur l’hypnose, mais cette technique est tout de même bien présente à l’hôpital. À cette époque en revanche, peu de médecins osent franchir ce cap. Mais elle, si.

L’hypnosédation : une autre façon d’accompagner les soins

L’idée est simple mais audacieuse : associer une anesthésie locale à un accompagnement hypnotique structuré, permettant au patient de rester pleinement acteur de ce qu’il vit. On parle alors d’hypnosédation, une technique validée par la science, qui a fait ses preuves sur des milliers de patients, et qui permet d’opérer sans anesthésie générale dans de nombreux cas.

On ne parle donc pas d’une technique fumeuse, ou de quelque chose où l’on vous dit que pour que ça marche « il faut y croire ». Pas besoin d’y croire, ce n’est pas de la magie, c’est maîtrisé, enseigné, évalué. Et cela change profondément la manière de vivre un geste médical.

Une formatrice engagée, une chercheuse reconnue

Au fil des années, Marie‑Élisabeth Faymonville a su transmettre son savoir avec générosité. Depuis 1994, elle enseigne l’hypnosédation à l’université, et a formé plusieurs centaines de professionnels de santé venus de toute l’Europe. Son enseignement est à la fois ancré dans l’expérience clinique et nourri par la recherche.

Elle a publié plus de 170 articles scientifiques, donné des centaines de conférences et participé à de nombreuses émissions télévisées. Elle reste aujourd’hui encore une figure de référence pour tous ceux qui veulent pratiquer une hypnose sérieuse, rigoureuse, bienveillante.

Hypnose et douleur : redonner du pouvoir aux patients

Il y a énormément d’avantages à faire entrer l’hypnose dans le contexte pré, péri et post opératoire. Des avantages pour le patient, mais aussi pour tous les professionnels de santé présents, et même pour l’établissement !

Ce que le Dr Faymonville défend, c’est avant tout une approche respectueuse du patient. Elle parle souvent de la capacité des individus à moduler leur vécu. Elle évoque régulièrement les ressources profondes qu’ont les patients, pour reprendre du pouvoir sur ce qu’ils ressentent, même en situation de douleur aiguë ou chronique.

Elle explique avec beaucoup de justesse comment l’imaginaire, mobilisé dans un cadre thérapeutique structuré, peut devenir un outil puissant pour traverser des soins, se préparer à une intervention, ou tout simplement mieux vivre avec une pathologie.

Une influence bien au-delà des frontières belges

Grâce à elle et à son équipe, la Belgique francophone est aujourd’hui un territoire d’excellence en matière d’hypnose hospitalière. Au CHU de Liège, plus de 9 000 patients ont déjà été opérés sous hypnosédation. Et de nombreux reportages ont mis en lumière l’impact de cette approche sur les équipes médicales, mais surtout sur les patients eux-mêmes.

Aujourd’hui, l’hypnose est pleinement entrée à l’hôpital à Lyon, Paris, et dans le monde entier. Même si le bloc opératoire reste le principal endroit où elle a (re)pris racine, elle se développe de plus en plus dans de nombreuses autres spécialités comme les grands brûlés, la maternité, les soins palliatifs, et même la rééducation fonctionnelle, en orthopédie ou en neurologie par exemple.

Finalement : une médecine plus humaine, sans renoncer à l’exigence

Ce que nous rappelle le parcours de Marie‑Élisabeth Faymonville, c’est que l’hypnose en médecine n’est pas un ajout folklorique ou un supplément d’âme. C’est un outil thérapeutique à part entière, qui mérite d’être enseigné avec rigueur, utilisé avec éthique, et pratiqué avec cœur.

Et si son nom reste souvent cité parmi les pionniers de l’hypnose clinique moderne, c’est parce qu’elle incarne cette double exigence : celle de la science, et celle de l’humain.

Interview du Dr Faymonville sur la chaîne YouTube WallonieBE, du service public de Wallonie (SPW)