La psychiatrie est un monde de silences habités et de crises bruyantes. Au cœur des couloirs du CH Le Vinatier, l’angoisse des patients est souvent palpable. Elle s’invite avant un soin, une injection, avant ou après une séance de sismothérapie (ECT). Comment, en tant que soignant, reprendre la main sur ce climat émotionnel ? Mon récent passage dans cet établissement emblématique proche de Lyon pour former les équipes infirmières à l’hypnose a permis d’apporter une réponse concrète. Très peu de formateurs ou de services de psychiatrie s’aventurent encore dans le domaine de l’hypnose. Ce service est donc précurseur, quasiment unique en France ! L’hypnose n’est pas un supplément d’âme. C’est un levier neurophysiologique puissant pour apaiser les soins les plus complexes.
La réalité neurologique derrière la transe hypnotique
Oublions les pendules et le spectaculaire. L’hypnose médicale repose sur une réalité neurologique documentée par l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Par exemple (et entre autres très nombreux travaux de recherche) les travaux du Pr David Spiegel à Stanford montrent des modifications précises de l’activité cérébrale. Sous hypnose, le réseau du mode par défaut se met en sourdine. C’est la zone responsable des ruminations et de l’auto-critique. En parallèle, la connexion entre le cortex préfrontal et l’insula se renforce. Cela permet au patient de mieux réguler ses perceptions corporelles et ses émotions.
Voir article récent sur l’action de l’hypnose sur le plan neuropsychologique.
En psychiatrie, ce “débranchement” partiel du facteur critique est salutaire. Un patient envahi par une angoisse psychotique ou une dépression sévère vit dans une transe négative permanente. Il hallucine un futur catastrophique. L’intervention hypnotique consiste à proposer une alternative sensorielle. Nous ne cherchons pas à convaincre par la logique. Nous agissons directement sur le réseau de saillance pour rediriger l’attention vers un ancrage sécurisant. Le corps passe alors du mode “combat-fuite” au mode “récupération”. Ce basculement est mesurable : la variabilité cardiaque augmente et le taux de cortisol baisse. L’hypnose devient ainsi un outil de régulation neurovégétative au service du soin quotidien.
Sismothérapie (ECT) : transformer l’attente en parenthèse thérapeutique
La sismothérapie, ou électroconvulsivothérapie, aide à stabiliser et à traiter certaines pathologies comme des dépressions graves et résistantes aux antidépresseurs, mais aussi des schizophrénies ou autres. Cette technique cristallise souvent des peurs archaïques. L’imagerie cinématographique a laissé des traces douloureuses dans l’inconscient collectif. Pour le patient, l’attente en salle avant l’anesthésie peut devenir un calvaire. C’est ici que l’hypnose conversationnelle prend tout son sens. Au lieu de phrases neutres ou froides, nous utilisons des métaphores de transformation. On peut comparer par exemple le soin à un rangement de bibliothèque. Rien n’est jeté, mais chaque souvenir est remis à sa juste place.
L’objectif est de sécuriser le patient avant, pendant l’induction (anesthésie générale) et au réveil. Nous créons ce que j’appelle des “parenthèses hypnotiques”. Les suggestions permissives (ericksoniennes) remplacent les ordres. Plutôt que de dire “ne bougez pas”, nous privilégions “vous pouvez laisser votre corps trouver sa position de repos idéale”. Cette approche réduit drastiquement l’agitation au réveil et améliore la coopération. Pour en savoir plus sur les indications cliniques de ce soin, vous pouvez consulter les recommandations de la Haute Autorité de Santé sur l’ECT. L’hypnose ne remplace pas l’anesthésie. Elle en optimise les effets en stabilisant le plan émotionnel du sujet.
Une anecdote inspirante pendant la formation : le déclic de Coralie
Pendant la formation au Vinatier, j’ai été marqué par Coralie, une infirmière expérimentée mais initialement sceptique. Elle redoutait les pose de cathéter chez un patient très agité. Nous avons mis en pratique une technique de focalisation externe rapide. Coralie a simplement guidé l’attention du patient (fictif) sur la couleur et l’aspect d’un stylo, tout en calant sa propre respiration sur la sienne. En moins de deux minutes, le tonus musculaire du patient (toujours joué par une autre stagiaire) s’est relâché. Coralie n’a pas eu besoin de forcer le geste. Elle a réalisé que sa propre posture, sa voix et son débit étaient ses plus puissants instruments de soin. Ce jour-là, elle n’a pas seulement appris une technique. Elle a transformé son identité de soignante autant que sa pratique.
Au-delà du soin : pérenniser la pratique à l’hôpital
Former des soignants à l’hypnose est une chose. Rendre la pratique pérenne au sein d’une institution en est une autre ! C’est là que mon expertise hospitalière fait la différence. L’hypnose ne doit pas rester un acte “en plus”, bénévole et invisible. Elle doit être intégrée dans le projet de soin et tracée officiellement pour qu’elle soit réellement valorisée pour l’établissement, valorisante pour les soignants, et donc pérenne et durable. Lors de mes interventions, j’accompagne régulièrement les cadres et les directions dans la mise en place de la cotation des actes et dans la structuration de leur “pôle hypnose” pour la rendre durable et solide. Quelle déception quand on a formé des professionnels à cette belle technique et que la pratique s’essouffle dans les mois qui suivent. Et d’expérience, sans accompagnement adapté, ça arrive très régulièrement !
Par exemple, Le codage CSARR ou CCAM (comme l’acte ANRP001 pour les médecins) est essentiel pour valoriser le temps infirmier dédié à l’apaisement. Sans traçabilité, la pratique s’essouffle. J’aide les équipes à rédiger des protocoles utilisables immédiatement. Cela inclut des fiches de suivi DIM (Département de l’Information Médicale) pour que l’hypnose devienne un indicateur de qualité des soins. Il y a clairement un avant et un après pour un service qui adopte cette rigueur. L’hypnose est un outil puissant, mais elle possède des limites. Elle nécessite une formation solide, surtout face à des profils psychotiques ou dissociatifs. Ma méthode garantit une pratique éthique, sécurisée et valorisée pour l’établissement.
Pour des besoins de formation, rdv sur la page formation ou me contacter pour des besoins spécifiques.
Un accompagnement à l’hypnose, aussi individuel et sur mesure à Lyon
Mon engagement pour la diffusion de l’hypnose ne s’arrête pas aux murs des hôpitaux. En parallèle de mes formations nationales, j’accompagne les particuliers dans mon cabinet lyonnais.
Si vous cherchez un praticien capable de mêler approche clinique et techniques de pointe, je vous accueille au cœur du 7ème arrondissement. Situé au croisement de la rue de l’Université et de la rue de Marseille, mon cabinet est un espace dédié au changement durable, que ce soit pour la gestion des phobies, des addictions ou des douleurs chroniques.
Prendre soin de soi demande un cadre sécurisant et une expertise reconnue. À Lyon 7, nous travaillons ensemble pour mobiliser vos ressources inconscientes et transformer votre quotidien, un souffle après l’autre.