Il y a ceux qui parlent de surcharge. Et ceux qui, comme Thomas, continuent sans jamais nommer la chose. Pas parce qu’ils ignorent le problème, mais parce que l’admettre serait reconnaître une faille. Or, dans certains cercles – direction, management, entrepreneuriat – la faille n’existe pas. Jusqu’au jour où elle devient béante. Le burn-out professionnel ne touche pas les faibles : il frappe ceux qui tiennent trop, trop longtemps, sans s’autoriser à lâcher.
Le burn-out : un effondrement qui ne dit pas son nom
Dans les premiers temps, ce sont des signes diffus : fatigue constante malgré le sommeil, irritabilité, baisse de concentration, désintérêt pour ce qui faisait vibrer. Puis viennent les absences, les erreurs, le brouillard mental. Et parfois, le corps finit par trancher : vertiges, palpitations, troubles digestifs, insomnies. Le burn-out est un effondrement progressif de la capacité d’adaptation, souvent masqué chez les cadres par une culture de l’exigence et du dépassement.
Selon une étude de l’IFOP pour le cabinet Empreinte Humaine (2023), 1 cadre sur 2 présente aujourd’hui des signes d’épuisement professionnel. Et dans les grandes villes comme Lyon, la densité de responsabilités, la mobilité constante et la solitude décisionnelle en amplifient les effets.
Ce que l’hypnose change – et pourquoi ça fonctionne
L’hypnose agit comme un sas entre l’agitation extérieure et le traitement intérieur. En permettant un accès modifié à l’attention, elle réactive les mécanismes d’auto-régulation du système nerveux autonome. Concrètement : ralentissement du rythme cardiaque, apaisement des circuits de l’alerte, recentrage de l’activité cérébrale vers des zones associées à la mémoire autobiographique, à la créativité et au sens.
Ce n’est pas une solution magique. Mais c’est un catalyseur. Ce que les neurosciences ont confirmé ces dix dernières années, c’est la plasticité du cerveau sous hypnose : en état modifié de conscience, les circuits neuronaux liés au stress peuvent être « réentraînés » à percevoir différemment les événements, à désamorcer les automatismes d’urgence, et à restaurer une capacité de choix.
Cas clinique : Thomas, 47 ans, CEO d’une PME lyonnaise
Thomas arrive au cabinet un mardi matin de janvier. Il dort mal, travaille beaucoup, mais dit « tenir bon ». Son entourage s’inquiète. Lors de la première séance, il réalise qu’il vit depuis plusieurs mois en « mode pilote automatique ». Après trois séances, il commence à ressentir de nouveau des espaces intérieurs : il respire, il ressent, il doute même, et cela le soulage. Deux mois plus tard, il confie : « Ce que j’ai gagné, ce n’est pas du repos. C’est du discernement. »
Une technique simple pour respirer… autrement que par le nez
Voici un exercice d’auto-hypnose que j’enseigne souvent en première séance :
- Installez-vous confortablement, assis, dos droit mais détendu. Fermez doucement les yeux.
- Concentrez-vous sur un point à l’intérieur de votre corps : la poitrine, le ventre, ou même une tension que vous ressentez.
- Imaginez que cette zone respire. Qu’elle inspire et expire à sa manière, sans que vous ayez à la contrôler.
- Prenez 2 minutes pour suivre ce mouvement intérieur, sans objectif, sans jugement.
Ce simple exercice active le nerf vague, régule l’activité limbique et relance une sensation de sécurité corporelle. Il ne suffit pas à prévenir un burn-out, mais il crée une habitude : celle d’habiter son corps, même dans la tourmente.
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Pourquoi Lyon est un terrain fertile pour cette approche
À Lyon, les patients que je reçois en hypnose viennent souvent avec un mélange subtil de lucidité et de pression. Ils savent qu’ils vont trop loin, mais ne savent pas comment faire autrement. Lyon 3, avec ses quartiers d’affaires et ses professions libérales, et Lyon 6, avec son exigence sociale et son intensité intellectuelle, concentrent une population particulièrement exposée au burn-out… et paradoxalement peu habituée à demander de l’aide.
L’hypnose, dans ce contexte, n’est ni un soin « alternatif » ni une coquetterie. C’est une méthode puissante pour reprendre les rênes, différemment.
Et si la performance passait par l’écoute ?
L’hypnose ne transforme pas un cadre surmené en moine zen. Mais elle l’aide à redevenir acteur de son tempo, à restaurer des marges de manœuvre intérieures. Dans un monde où l’on valorise encore trop souvent l’urgence comme preuve de valeur, apprendre à ralentir devient un geste radicalement moderne.
Dans le silence d’une transe hypnotique, certains redécouvrent ce qu’ils avaient mis de côté : leur souffle, leur intuition, leur élan. Et parfois, cela suffit à changer le cap.