Un homme évite les ponts depuis 15 ans. Une étudiante monte quatre étages à pied pour ne pas prendre l’ascenseur. Un enfant vomit à l’idée de prendre l’avion.
Ils savent que leur peur est irrationnelle. Pourtant, leur système nerveux réagit comme s’ils allaient mourir.
Ce n’est ni une faiblesse, ni une lubie. Les phobies sont des automatismes neuroémotionnels, enkystés dans des circuits archaïques du cerveau.
Mais ces automatismes ne sont pas gravés dans le marbre.
Grâce à l’hypnose, il est possible d’agir directement sur les réseaux cérébraux impliqués.
Et de reprogrammer la réponse de peur.
Phobie : une erreur de traitement émotionnel
La plupart des phobies naissent d’une mauvaise généralisation émotionnelle.
Un jour, le cerveau associe un stimulus neutre (araignée, avion, tunnel…) à un danger vital.
L’information émotionnelle est stockée dans l’amygdale et l’hippocampe, sans passage critique par le cortex préfrontal.
Résultat : une réaction disproportionnée, automatique, irrépressible.
Sur le plan cérébral, c’est la voie courte du traitement de la peur qui est en jeu :
thalamus → amygdale, avec un contournement des aires cognitives.
Cela explique pourquoi “raisonner” une phobie est souvent inefficace : le cortex ne reçoit pas l’information à temps.
Ce dérèglement est renforcé par l’évitement, qui empêche toute extinction naturelle de la peur.
L’amygdale reste hypersensible, et la mémoire émotionnelle se fige.
Quels types de phobies peut-on traiter avec l’hypnose ?
L’hypnose peut être utilisée pour toutes les catégories de phobies, notamment :
- Phobies animales : arachnophobie, cynophobie…
- Phobies naturelles : peur de l’orage, de l’eau, du vide…
- Phobies situationnelles : avion, métro, ponts, tunnels…
- Phobies médicales : sang, aiguilles, dentistes…
- Phobies sociales : peur du jugement, de parler en public…
- Phobies atypiques : textures, vomissements, bruits, chiffres…
L’important n’est pas l’objet de la peur, mais la structure émotionnelle sous-jacente.
Et celle-ci peut être modulée avec l’hypnose.
L’hypnose comme interface entre l’émotion et la cognition
Contrairement aux approches exclusivement verbales, l’hypnose induit un état de conscience modifié qui facilite l’accès aux circuits émotionnels profonds.
Ce que permet l’hypnose :
- Une réduction de l’hyperactivation amygdalienne, grâce à des visualisations sécurisantes répétées
- Un renforcement de la connectivité entre le cortex préfrontal médian et l’amygdale (voie longue de régulation émotionnelle)
- Une modulation du réseau du mode par défaut (DMN), souvent suractivé chez les personnes anxieuses ou phobiques
- Une activation du réseau exécutif central (CEN), associé à la prise de recul et au contrôle attentionnel
- Une désactivation temporaire du réseau saillant (SN), responsable de la détection exagérée des menaces
L’hypnose agit donc comme un outil de “neuro-entraînement”, en rééduquant les circuits défaillants.
Neuroplasticité et apprentissage émotionnel
Le cerveau reste malléable tout au long de la vie : c’est le principe de plasticité cérébrale.
À travers des séances d’hypnose répétées, le cerveau encode de nouvelles associations émotionnelles :
le stimulus phobogène devient support d’une expérience maîtrisée, calme, parfois même neutre.
On observe, en imagerie cérébrale fonctionnelle, une diminution progressive de l’activité amygdalienne, et une augmentation de l’activité du cortex préfrontal ventromédian.
Cela signe un rééquilibrage des circuits de la peur.
Ces effets sont comparables à ceux observés dans certaines thérapies d’exposition ou la méditation pleine conscience, mais l’hypnose agit plus rapidement sur la réécriture symbolique des événements sources.
Une approche intégrée à Lyon
À Lyon, de plus en plus de patients consultent en hypnose pour des phobies anciennes ou récentes.
Le travail thérapeutique s’inscrit dans une démarche globale, respectueuse de la neurobiologie du patient et de ses objectifs concrets.
Un accompagnement bien conduit peut permettre :
- De préparer un examen médical redouté (IRM, anesthésie, prise de sang)
- De reprendre les transports en toute autonomie
- De voyager à nouveau en avion
- Ou tout simplement de se sentir à nouveau libre dans son corps
Un cas clinique représentatif
Thomas, 34 ans, ingénieur, souffre d’une phobie de l’avion depuis ses 16 ans.
À chaque tentative de vol, son système nerveux autonome s’emballe : tachycardie, nausées, sensation d’étouffement.
Après quatre séances d’hypnose, associant désensibilisation sensorielle et projection mentale dans le vol futur, Thomas embarque pour Singapour.
Son message à l’atterrissage :
« Il y a toujours un truc, mais probablement plus une peur d’avoir peur. Je me sens capable. Et ça change tout. »