Comment l’hypnose agit sur les douleurs ?

L’hypnose agit sur les douleurs, c’est un phénomène de plus en plus connu et reconnu. Les EEG (électro-encéphalogramme) et plus récemment les IRMf (Imagerie par raisonance magnétique fonctionnelle) ont permit de démystifier cet état. Ce n’est plus de la magie ou un don.

Selon l’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur) 30% des adultes souffrent de douleurs chroniques, 7% de douleurs neuropathiques. Selon cette association qui fait référence dans le monde, la douleur peut être décrite comme suit :

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes. -IASP-

La question que nous pouvons nous poser c’est alors : comment l’hypnose agit sur ces douleurs ?

Voir dossier de l’Inserm sur la douleur >

 

La douleur : un mécanisme complexe

Sur le plan fonctionnel, la douleur n’est pas un problème, c’est surtout une solution. C’est un moyen que le corps a trouvé pour attirer notre attention sur une zone du corps qui est en train d’être abimée.

À postériori, elle sert donc à ce que l’on limite les dégâts et que l’on panse nos blessures. Un instinct de conservation.

-« Je n’ai pas encore piqué ! »
-« Je sais mais j’anticipe ! »

Mais elle peut aussi agir « à priori ». Je me souviens d’une patiente, plutôt âgée, à qui je devais faire une prise de sang. Elle a crié alors que je n’avais pas encore commencé ! Quand je lui ai dit que je n’avais pas encore fait le geste, elle m’a répondu : « Je sais, mais j’anticipe ! » Cette expérience m’a fait sourire, mais elle illustre bien ces multiples dimensions de la douleur. L’angoisse a potentialisé la douleur. Le corps l’a même « créé à l’avance » pour ne pas être surpris et pour regagner un peu de contrôle sur la situation !

Voir ici pour un compte rendu de séance d’hypnose pour la gestion des douleurs ! >

Les différents « types » de douleurs

La douleur peut être donc liée à une lésion potentielle, ou à une appréhension de cette même douleur. De même, de façon classiques elles sont différenciées en douleurs :

  • « Par excès de nociception » : douleurs liées à trop de pression, trop de chaleur / froid, ou une atteinte des tissus innervés.
  • « Neuropathiques » : liées à une atteinte nerveuse périphérique ou centrale (section de nerfs, douleurs de membre hémiplégique suite à un AVC)
  • « Psychogènes » : liées à une source psychique (angoisses, appréhension de la douleur, pathologie psychiatrique)

8 différents mécanismes d’action de l’hypnose sur les douleurs

Le point commun de toutes ces douleurs est qu’elles sont créées au niveau du cerveau.
Oui. Toutes les douleurs sont « dans la tête ». Sachant tout cela, plusieurs techniques existent pour soulager ou supprimer les douleurs. Ou encore moduler la souffrance que ces douleurs induisent. Toutes ces techniques entrent dans le grand champs de l’hypnoanalgésie.

 

1 – La suggestion hypnotique

La plus évidente. Il s’agit d’installer un état d’hypnose (donc de forte suggestibilité) et de moduler la douleur que vous ressentez, par la suggestion hypnotique. Certaines personnes peuvent être plus ou moins suggestibles que d’autres.

Cette technique marche bien sur les douleurs chroniques non intenses car il faut déjà réussir à vous accompagner en hypnose.

2 – Le déplacement de la douleur par autosuggestion

Cette technique demande un peu d’entraînement mais permet de visualiser la douleur qui se déplace vers une zone du corps où elle sera plus « acceptable ». Elle se travaille facilement en toute autonomie, après avoir appris à pratiquer l’autohypnose.

3 – Les sous modalités : changer sous hypnose les paramètres des douleurs

Si vous voyez et ressentez votre douleur au ventre « comme si » vous aviez une boule noire et lourde d’environ 10cm de diamètres… alors essayez de visualiser que celle-ci change de taille, de forme, de couleur ou de poids. Vous verrez qu’une de ces modalités sera la « modalité critique » : celle qui change tout ! Celle qui changera votre ressentit.

Cette technique d’autohypnose (voire de PNL) demande un peu d’entraînement mais elle est très puissante quand vous vous connaissez bien ! C’est du « on-off » vous maîtriserez la douleur.

4 – L’ancrage de bien-être, technique d’hypnose pour supprimer les douleurs

Cette technique peut être utilisée pendant une douleur peu ou très intense, qu’elle soit aiguë ou chronique ! Deux inconvénients toutefois : il faut la préparer (avoir déjà fait une séance pour créer l’ancrage) et elle est ponctuelle et ne dure pas très longtemps.

L’ancrage de bien-être est une technique d’hypnose pour les douleurs, qui est tout à fait indiquée quand on « prévoir à l’avance » d’avoir mal. En préparation d’une intervention chirurgicale ou d’un accouchement par exemple.

Apprenez ici à créer un ancrage en hypnose ! >

5 – L’hypnose « sèche » pour les douleurs ?

C’est une hypnose sans protocole. Sans suggestions d’hypnoanalgésie. On ne va pas s’occuper de la douleur. Un simple état d’hypnose dans un endroit agréable, qui permet une dissociation. On ne pense plus au corps, on est « complètement dans le film ». Quand les douleurs ont une forte composante psychogène (appréhension de la douleur), l’état d’hypnose permet de détendre la personne et du coup d’apaiser la douleur.

Cette technique d’hypnose médicale est tout à fait indiquée pour des douleurs chroniques, stables, donc qui « ne surprennent pas ». Elle est aussi évidemment tout à fait indiquée dans le cadre d’interventions chirurgicales légères.

6 – L’hypnose profonde, voire l’état Esdaile (ou « coma hypnotique »)

C’est une hypnose où on approfondit l’état encore et encore et encore et encore… à un certain niveau, la dissociation est quasi totale. Dans votre tête, votre corps n’est plus là mais avec vous dans votre rêve éveillé.

Le chirurgien écossais James Esdaile utilisait cet état (qui a porté son nom) pour faire des opérations sous hypnose. Particulièrement efficace pour les interventions, mais aussi en soins palliatifs, chez les grands brûlés ou en cancérologie, cette technique nécessite toutefois une intense préparation en amont, à base d’ancrage de transe et d’approfondissement. Vous devrez apprendre à maîtriser cet état avant de pouvoir en profiter pleinement.

Voir article consacré à l’hypnose profonde >

7 – Dissociation droite / gauche

On vous demande de vous concentrer très fortement sur votre main droite. En utilisant des techniques de saturation sensorielle, vous n’allez plus être capable de ressentir quoi que ce soit d’autre que votre main droite. Alors à ce moment le praticien peut opérer ou faire un geste sur le pied gauche. Ça marche aussi très bien sur des douleurs chroniques ou aiguës avec un hypnothérapeute ou en autohypnose.

8 – La Speed Hypnose !

L’hypnose de spectacle est bien différente de l’hypnose médicale ou de l’hypnothérapie. Mais il y a aussi des similitudes ! Et contrairement à ce que l’on peut croire, cet ensemble de techniques de mise en transe rapides n’est pas réservée à l’hypnose de spectacle !

Voir article sur 10 différences entre hypnose spectacle et hypnothérapie >

Elles reposent sur des techniques de ruptures de patterns et de sidérations. Le but est de vous désorienter et de vous amener rapidement dans une transe. Le praticien va ensuite l’approfondir, puis l’entretenir. C’est un peu plus brusque que le souvenir agréable mais c’est une solution d’urgence ou de dernier recours.

Ces techniques peuvent être utilisées par le personnel hospitalier des urgences (médecins, infirmiers), du SAMU ou des pompiers. Mêmes si la speed hypnose marche très bien pour vous faire oublier les douleurs chroniques, elle est à réserver aux douleurs aiguës très intenses ! Pour les autres, des techniques plus douces existent : ne prenons pas un canon pour abattre un poulet…

Action de l’hypnose sur la douleur : une approche multiple

Voilà comment l’hypnose agit sur les douleurs et comment elle peut vous aider à ne plus les « subir ». Il y en a de nombreuses autres, mais celles-ci sont les plus fréquentes.

Pourquoi pas vous ? Pourquoi pas maintenant ?